« C’est peu dire que dans ma vie de romancier, j’ai suivi des tendances, sinon des modes, passant, dans les années 70, de l’érotisme à la science fiction (plus exactement : le fantastique) , puis, dans les années 80 et 90, des gros thrillers technologiques au polar…
Il fallait bien manger, comme on dit, et ça m’a permis de n’avoir ni dieu ni maître ni patron, et encore moins d’horaires réguliers. Cependant, comme l’on n’écrit bien que si l’on lit beaucoup, une bonne moitié de ce temps aura été consacré à la lecture de milliers de livres dont il ne m’en reste rien, sinon l’essentiel : un terreau où l’inconscient se mêle au conscient, les fantasmes aux expériences vécues, et sur lequel poussent, en permanence, des idées nouvelles. Faut-il le préciser ici ? L’angoisse de la page blanche, je n’ai jamais su ce que c’était. »
« C’est un genre très négligé en France, contrairement aux pays saxons où l’on sait reconnaître le travail de concentration, de ciselage, et de précision qu’il suppose. Il s’agit de faire tenir tout un monde en très peu de lignes, et de raconter une histoire, fût-ce en l’effleurant, tout en ménageant une chute ou, à tout le moins, une explication à la fin.
J’ai adoré cet exercice de funambule, et en trente ans, j’en ai publié plusieurs dizaines dont un illustre inconnu a fait une recension approximative sur internet. Il m’en reste encore quelques unes qui n’ont pas été publiées, dans un recueil provisoirement intitulé « Météos »…
« Je ne me suis décidé que très tard à écrire comme « ghost writer », c’est à dire pour d’autres. Mes activités mercenaires dans la communication ou l’audio-visuel m’empêchaient déjà de consacrer tout le temps voulu à mon écriture personnelle, mais dans les années 2000-2010, une brutale chute d’activité due à mon installation dans le sud de la France m’a amené à accepter un, puis deux, puis d’autres contrats de « nègre ».
Je dois reconnaître qu’ils ont été l’occasion de rencontres humaines remarquables, ainsi ce pêcheur de Marseille qui a retrouvé la gourmette d’Antoine de Saint-Exupéry au fond de la mer et permis de localiser son avion, et donc l’endroit de sa mort -il est devenu depuis un ami- ou ce sapeur-pompier brûlé à 90% dans un incendie de maquis et revenu à la vie par le seul exercice de sa volonté. «