Philippe Cousin a 76 ans.
Il est dessinateur et écrivain.
Le dessinateur : du gribouillis à la fresque Piranesienne
Très tôt, Philippe Cousin montre des prédispositions évidentes pour le dessin. A quatre ans, il dessine les tranchées de 14-18 sur de grandes feuilles de papier beurre, à onze, il rafle le « Premier Prix des Cahiers de Vacances » avec une étourdissante peinture à l’eau du Massif de la Meije. A dix huit, après avoir décroché un baccalauréat « Philosophie » de justesse, il monte à Paris pour, de son propre aveu « rencontrer des jeunes filles et, si possible, coucher avec elles ». En 1968, sa vie bascule du bon côté : celui des artistes et des contestataires.
S’ensuivent quelques années passionnantes et passionnées, à bouffer de la vache folle. En 1970, à 24 ans, il place ses premiers dessins et des bandes dessinées expérimentales dans le regretté magazine « Actuel », phare de la culture underground française. Puis dans « Pilote ». Puis dans « Fluide Glacial ». Puis dans « Libération »…Et enfin, au tout début des années 80, dans « Le Monde » -on l’y verra semaine après semaine, et pendant plusieurs années (voir dessins de presse) dans le supplément du Dimanche mais aussi dans les suppléments thématiques (culture, économie, etc…)
Entre temps, il s’est vendu au Grand Capital. Entré par hasard à Europe 1, il est devenu concepteur-rédacteur de messages radio, puis il est passé par deux agences parisiennes avant de devenir un Directeur de création désinvolte et surpayé. Il en profite pour vendre à tour de bras dessins et illustrations à ses clients annonceurs, mais, à la première occasion, abandonne sa confortable position pour écrire (voir « écrivain »). On est en 1980 : pendant les vingt ans qui suivront, il sera à son compte, sous une triple casquette, créatif free-lance, journaliste et romancier.
L'écrivain : de la compromission à la radicalité
Philippe Cousin a publié son premier livre au tout début des années 70, un petit roman pornographique dont l’Histoire n’a heureusement pas gardé trace. Ses admirations littéraires allaient déjà à Dino Buzzati et Jacques Sternberg, et c’est sous leur égide qu’il publie ensuite « Tu m’aimes ? » et « Les destins minuscules», deux recueils de « short-short novels » qui le font remarquer par Jean-Pierre Andrevon, l’un des « papes » de la Science-fiction française.
Avec lui, il écrira trois recueils de nouvelles fantastiques, puis, seul, en publiera trois autres, toujours chez Denoël. Il tâte ensuite du gros thriller à l’américaine, d’abord en collaboration avec Maxime Benoît-Jeanin (« La croisière Einstein ») puis seul (« L’œuf du diable » et « Le pacte Prérorius », chez Stock puis chez Albin Michel), il publie un polar « gore » en l’an 2000, puis abandonne le genre populaire pour se consacrer à une écriture plus ambitieuse –« Brutales », un recueil de nouvelles chez Flammarion, et « En avant par-dessus les Tombeaux », un gros roman littéraire aux Editions du Rocher.
Si l’on récapitule, ce tâcheron arrogant aura écrit des milliers de pages de messages publicitaires et d’argumentaires de vente, mais aussi deux recueils de mini-nouvelles, six recueils d’histoires fantastiques, trois gros thrillers, des éditoriaux politiques, une série télévisée en 13 épisodes (»Coup de bleu dans les étoiles »), un ouvrage d’érudition sexuelle, plusieurs ouvrages de commande, une trilogie de littérature légère et enfin deux ouvrages de fiction littéraire qui lui semblent sauver tout le reste.