« Crayons et pastels gras, aquarelle, feutres, encre Ecoline et peinture acrylique, gras du pouce ou pinceau très fin…Tout m’a servi pour ces travaux dont la réalisation s’étale sur près de quarante ans. Certains ont paru dans « Le Monde », « Télérama » ou « Libération », d’autres dans des revues plus confidentielles, la plupart ont été faits pour le plaisir. »
« En vrac... D’abord une série d’« Arbres » -j’aime les arbres, ils me sont nécessaires- puis quelques-uns des 900 dessins exécutés en trois mois pour « Le dictionnaire des gestes » de François Caradec, aux éditions Fayard (2005). Viennent ensuite des dessins (colorisés ultérieurement) mettant en scène une mascotte en forme d’atome, pour le Commissariat à l’Energie Atomique (CEA), un projet pour Renault, sur le thème de la pollution automobile, et enfin des travaux libres… N’y figurent pas ce que j’appelle les « dessins-pendant-que-je-téléphone » et les »dessins vite faits, sur une nappe de restaurant » qui représentent pourtant l’essentiel de ma production »
« Tous les lundi, la rédaction du journal « Le Monde » m’envoyait par fax (ils n’utilisaient pas encore internet) un, voire deux articles, qui devaient paraître en fin de semaine. Je n’avais que quelques jours pour leur soumettre mes idées, puis finaliser celle qu’ils avaient retenue. J’allais ensuite leur porter le document, rue des Italiens. Cet exercice aussi artisanal qu’acrobatique a rythmé ma vie pendant plusieurs années, (1980-1990), et c’est un de mes meilleurs souvenirs -en plus, j’étais bien payé ! Pendant tout ce temps-là, je travaillais aussi sur des campagnes de publicité, j’écrivais de petits romans populaires et de grands thrillers à l’américaine et je collaborais comme directeur artistique et « roughtman » à la presse enfantine (Pif) et sportive (Mondial Basket, Miroir du cyclisme). «
« Très jeune, dans les années 70 (je venais de m’installer à Paris), j’ai rencontré deux peintres surréalistes, Mirabelle Dors et Maurice Rapin. C’étaient des amis d’André Breton et Yves Tanguy, et je dois beaucoup à leur amitié, aussi brève a-t-elle été. A l’époque, je dessinais de grandes fresques colorisées à l’écoline -je les ai, depuis, toutes données, vendues ou perdues.
J’aurais aimé leur montrer aujourd’hui ces collages exécutés au début des années 2000, avec de vieilles illustrations début du siècle, mais ils sont morts entre temps. Encore aujourd’hui, entre tous les mouvements artistiques qui m’ont enthousiasmé à un moment ou à un autre (symbolisme, romantisme, mouvement cobra, figuration narrative, etc, etc…) je garde une tendresse secrète pour le Surréalisme des années 1920, cette école de la liberté absolue. »
« Pourquoi n’es-tu pas devenu dessinateur de BD ? m’a-t-on souvent demandé. Réponse : -A l’époque, ça ne nourrissait pas son homme. Surtout, c’était trop de travail et trop de temps passé sur une seule forme d’expression alors que tout m’attirait et me donnait l’envie d’essayer... Au sortir du service militaire, j’ai tout de même vendu quelques BD dessinées à l’encre de Chine et au mercurochrome –ce sont les premières qu’a publié « Actuel », avec les BD américaines de Crumb… Mes productions de ce temps-là sont le reflet de la pensée libertaire, pacifiste et antimilitariste de ma génération.. »
«Le Piranèse, Canaletto, Hubert Robert… l’oeuvre de ces grands peintres et graveurs du XVIIIème siècle m’a toujours fasciné : enfant, je rêvais déjà devant ces perspectives vertigineuses et ces palais à l’abandon qui semblaient avoir été taillés pour des Dieux.
Aujourd’hui, ayant écrit les romans que je voulais écrire et dessiné jusqu’à plus soif pour la presse, la publicité et l’édition, je leur rends hommage avec ces « Caprices Provençaux » -le mot « Caprice » désignait à l’époque des paysages imaginaires construits à partir d’éléments réels, des ruines romaines, le plus souvent.
Pour ce faire, je me suis inspiré librement de ce que je voyais autour de moi. Je suis parti d’un site antique, d’une montagne, d’une pinède ou d’une garrigue, et je les ai ornés, chargés de sens et agencés selon une scénographie de mon crû. Le bois, la pierre et l’empreinte humaine sont du Temps fossilisé, l’air, l’eau et les arbres sont du Temps vivant. De la rencontre des deux naît, me semble-t- il, cette sensation d’éternité propre aux paysages de Provence, d’Italie et de Grèce.
Cette éternité –cette immobilité, pourrait-on dire- je la dessine en noir et blanc, pour être au plus près du nerf, de l’émotion. Le noir, c’est l’ombre. Le blanc, c’est le soleil. »